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Artículo #72

Le patrimoine sensoriel des campagnes, le nouvel étendard de la ruralité

Por Pauline Faye FEBRERO DEL 2021

Selon l’UNESCO, le patrimoine « est l’héritage du passé dont nous héritons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturels et naturels sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration ». La France est connue dans le monde entier pour être un pays de culture et de patrimoine. Patrimoine qui peut se décliner sous plusieurs formes : matériel, immatériel, mobilier, culturel… Prenons par exemple le vin qui depuis 2015 fait partie du patrimoine culturel français. Il est évident que pour cette nation, le patrimoine est d’une importance capitale pour son rayonnement mondial. Le 21 janvier 2021, l’approbation unanime par le Sénat d’une proposition de loi en première lecture nous le démontre une fois de plus, avec la création d’une nouvelle forme de patrimoine : le patrimoine sensoriel des campagnes.

Texto destacado

Le patrimoine sensoriel des campagnes : qu’est-ce que cela recouvre et quelles sont les motivations de cette loi ?


Chant du coq, odeur des champs… Le patrimoine sensoriel touche tout l’environnement des campagnes. Comme son nom l’indique, il fait appel aux sens. Mais pourquoi approuver cette proposition de loi ? Elle donne suite à de nombreuses plaintes déposées contre des nuisances sonores émises par le voisinage en milieu rural. Ces 10 dernières années ont compte plus de 18.000 plaintes. Chant des coqs trop fort et persistant, son des cloches, odeurs « nauséabondes » omniprésentes, ou encore chant des cigales qui agace les touristes et demandent à un maire du Var d’acheter de l’insecticide. L’affaire qui a fait le plus grand bruit est celle du coq Maurice, surnommé « le coq de la discorde ». En Charente-Maritime, le roi de la basse-cour a provoqué un conflit de voisinage. Les voisins de ce gallinacé expliquent que les chants de ce dernier sont de réelles nuisances sonores, et qu’il ne s’arrête pas de chanter de 04h30 du matin au coucher du soleil. Ce conflit a mené à un dépôt de plainte puis à un procès, qui sera finalement gagné par les propriétaires du coq. Ce litige, emblème de la ruralité, fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles cette proposition de loi a vu le jour.

Présentée par Pierre More-A-L’Huissier, cette loi vise à définir et à protéger les odeurs et bruits propres aux territoires ruraux : « Ça fait partie de notre quotidien, et il est hors de question d’abîmer la réalité des campagnes » explique-t-il.

De plus, le rapporteur du texte au Sénat, Pierre-Antoine Levi, souligne « que la symbolique est forte et que ce texte peut constituer un outil utile pour les élus locaux au quotidien pour les accompagner dans leurs démarches de pédagogie et médiation ». Pour le Conseil d’État, cette proposition « recouvre en réalité des questions profondes, touchant tant à l’identité française qu’au vivre ensemble ».

Les limites de cette proposition de loi

Bien que cette proposition de loi soit le symbole de la ruralité et un moyen de régler les problèmes de voisinage et de plaintes en terres rurales, elle comporte quelques zones d’ombre et des détails qui restent encore à préciser.
Prenons tout d’abord l’essence même de ce texte, plus particulièrement le terme « sensoriel ». Cela peut en effet prêter à confusion sachant que ce mot comporte 5 notions : le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue. En l’occurrence, lorsque nous prenons connaissance de la loi, elle ne se limite qu’aux aspects sonores et olfactifs. Le terme « sensoriel » n’est peut-être donc pas le plus approprié pour nommer ce texte.

Une autre question à soulever est la limite. Que peut-on considérer de l’ordre de l’important, quels sont ces sons et odeurs que l’on peut qualifier de patrimoines ? La marge à l’interprétation est assez large et peut porter à confusion. Est-ce que l’on protège l’odeur du fumier ? Ou encore le coassement des grenouilles ?

Il est important aussi de noter qu’un problème de zone géographique est aussi à envisager. Au vu de la diversité du paysage français, il paraît bien difficile de définir ce qui est vrai pour telles ou telles régions. Ce qui sera vrai en Gironde ne le sera pas pour le Finistère ou encore dans la Moselle. Chaque département définira « son » patrimoine en fonction de son territoire rural mais il va sans dire que dans un seul et même département ces territoires peuvent être de nature différente.

Une loi d’un intérêt primordial ?

Effectivement, même si la décision d’approuver cette loi et sa publication au Journal officiel a été plus qu’unanime, il reste de nombreux points à revoir et à préciser. Elle peut mener à de nombreuses confusions, ce qui nuirait à son but premier, l’apaisement dans les campagnes.

Cette loi sur le patrimoine sensoriel des campagnes est évidemment un symbole pour tous ceux qui la portent, et une énième fierté franco-française. Mais est-il réellement judicieux, en ces temps covidiens, de lancer encore une loi sur laquelle débat se fera pendant des mois et des mois, alors que nous avons d’autres priorités ?
Cette proposition va-t-elle vraiment régler les querelles de voisinage dans les campagnes ? Seul l’avenir nous le dira.