Artículo #138
Meet Ekhi, la pépite du vin de demain
Ekhi, c’est l’histoire de deux jeunes étudiantes en communication et entrepreneures, Ambre et Honorine, ayant le désir de mettre en valeur le travail des femmes dans le monde du vin. Ensemble, elles décident de faire un tour de France des vignobles et jettent leur dévolu sur le terroir alsacien pour créer avec une vigneronne un concept d’un vin éthique, respectueux de l’environnement et de qualité. Elles proposent une gamme de trois vins en collaboration avec une vigneronne des « Divines d’Alsace », Laure Adam, qui travaille en agriculture biologique. Un rouge, un blanc et un crémant, une première gamme assez complète alliant la mise en lumière du travail féminin dans le secteur du vin, la qualité du terroir et le respect de l’environnement. Rencontre avec les créatrices d’un projet novateur.
Texto destacado
« De plus en plus nombreuses à se spécialiser dans la filière vin, les femmes manquent encore de visibilité auprès du grand public. Ekhi réinvente la traditionnelle bouteille de vin pour en faire le vecteur d’une rencontre entre les amateurs de vins et les viticultrices. Chaque collection est imaginée en collaboration avec une artiste qui illustre le portrait de la vigneronne sur l'étiquette. Au dos, une pastille audio avec la voix de la vigneronne accompagne les consommateurs dans leur dégustation. »
• Pourriez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours ?
Ambre : J’ai commencé avec une licence de sociologie et c’est durant ce cursus que j’ai pu avoir un aperçu de ce qu’était la communication, ce qui m’a amené à rejoindre l’EFAP (École des nouveaux métiers de la communication) en master. Pour ma dernière année de spécialisation, on nous proposait un parcours en « Communication et marketing des vins et spiritueux ». À la base, je n’avais vraiment pas de connaissances approfondies sur la question, mais c’est un sujet qui me plaisait et qui éveillait ma curiosité.
Honorine : Pour ma part, j’ai un parcours plus linéaire. J’ai fait 5 ans en communication dans la même école. Les 4 premières années, nous avons étudié la communication au sens large, et c’est vrai que ce qui m’attirait le plus c’était le côté entrepreneurial. Concernant le vin, c’est un produit que l’on apprécie au sein de ma famille, c’est donc tout naturellement que je me suis laissée porter par ce secteur. Je désirais en savoir un peu plus, sans savoir si derrière j’allais continuer. J’ai rencontré Ambre et la magie a opéré. Lors de notre master, nous avons participé au concours « Tomorrow Wine ». On l’a d’ailleurs remporté un 8 mars, Journée internationale des droits de la femme. Notre but lors de ce concours était de réinventer le vin de demain. Au fil de nos discussions, nous nous sommes rendues compte que nous ne connaissions pas, en tant qu’amatrices de vin, les femmes du vin. Nous avons donc voulu nous pencher sur le sujet et c’est comme ça qu’Ekhi est né.
• Pourquoi avoir nommé votre projet Ekhi ? D’où vient ce nom ?
Honorine : Ekhi vient de la mythologie basque et signifie « la Femme de la terre ». Ce mot nous a particulièrement intéressées car il fait référence à la femme, le point central de notre projet. Au-delà de ça, il y avait aussi ce côté « terre » qui renvoyait à la nature, au savoir-faire. Quand nous avons créé Ekhi, on ne se voyait pas ne pas prendre en compte cet aspect environnemental. Ce point nous semblait essentiel, pour obtenir un vin respectueux de notre environnement. Ce nom fait donc écho aux deux valeurs qui nous sont chères.
• Combien êtes-vous au sein de votre entreprise et comment vous organisez-vous ?
Ambre : Au début nous étions toutes les deux avec Honorine. Récemment, Moissei nous a rejoints, il nous aide beaucoup sur la partie commerciale. Comme on est trois, on s’entraide sur les tâches à effectuer. De mon côté, je suis plus sur la partie podcasts, Honorine sur la communication, tout ce qui relève du digital, c’est d’ailleurs elle qui a créé le site internet. Nous n’avons pas d’organisation spécifique, car chaque tâche a son lot de surprises.
• Pourriez-vous me donner votre définition et votre vision du projet qu’est Ekhi ?
Ambre : Ekhi, c’est mettre un savoir-faire en avant, et on le fait de A à Z. Il y a des femmes derrière ce projet qui ont leur façon de penser le vin, de le mettre en valeur. Ce qui est intéressant c’est qu’avec le podcast on rencontre la vigneronne et on retrouve ce côté humain. Je trouve qu’à l’heure d’acheter du vin, cet aspect humain où l’on échange avec le ou la vigneron.ne, n’est pas présent. On achète le produit sans savoir ce qui se passe derrière. Dans le podcast, la viticultrice explique comment elle a produit son vin. En fin de compte, c’est elle qui explique son vin mieux que personne.
Honorine : Ekhi c’est une rencontre. Au-delà du côté femme, c’est une rencontre avec une professionnelle qui travaille tous les jours très dur, surtout avec tout ce qui s’est passé cette année (les fortes gelées d’avril 2021). Ce sont de très beaux métiers que l’on ne connaît pas toujours. C’est aussi une manière de rendre accessible le monde du vin qui peut être un monde compliqué pour certaines personnes.
• Quel a été le processus du choix de la vigneronne qui allait travailler avec vous pour la production de la cuvée ? Pourquoi avez-vous choisi l’Alsace comme première région viticole ?
Ambre : En termes de recherches, on a acheté un livre qui s’appelle Vigneronne répertoriant toutes les vigneronnes de France. Il faut savoir que dans chaque région viticole il existe un syndicat de femmes. Pour l’Alsace, c’est les « Divines d’Alsace ». Je me suis donc renseignée sur les différentes vigneronnes et la sélection s’est portée sur celles qui étaient en agriculture biologique pour être en phase avec notre démarche environnementale. On a pris contact avec elles et on les a rencontrées. Avec Laure Adam, il y a eu un réel feeling :elle était réellement intéressée par le projet. C’est super de pouvoir travailler avec une personne qui comprend le projet dans son entièreté.
Honorine : Effectivement, à la fin du confinement, on a fait un petit tour de France afin de découvrir les vignobles. On s’est surtout baladées dans l’Est, car l’Alsace est une région que l’on chérit. On voulait y faire des cuvées, c’est un terroir riche que l’on aime beaucoup. On voulait aussi proposer des vins que l’on n’a pas l’habitude de trouver ou d’acheter, avec des cépages et des appellations plus ou moins connus. Dans notre sélection, on a un crémant d’Alsace qui est une AOC connue, mais on a aussi le muscat sec qui est un cépage plus confidentiel. En Alsace, on aurait plus pensé à un Riesling ou à un Gewurztraminer pour le blanc par exemple. Pour le rouge, on a choisi le Pinot noir, un cépage consommé et connu à l’étranger et un peu moins en France. On a voulu composer notre gamme de manière équilibrée en choisissant des valeurs sûres, mais aussi des vins à faire découvrir au consommateur pour le faire voyager en Alsace et bousculer ses habitudes.
• Après avoir sélectionné Laure, quelle a été la suite du processus ?
Honorine : Après avoir connu Laure, on a eu un coup de cœur et on s‘est dit que ça pouvait être intéressant de faire une gamme de trois vins, un rouge, un blanc et un effervescent. On voulait aussi voir avec elle si elle était à l’aise avec l’idée du podcast, car ce n’est pas un exercice évident. En parallèle, on avait déjà sélectionné l’illustratrice qui s’occuperait de nos étiquettes, on lui a donc expliqué comment allaient se composer la gamme et le processus que l’on allait mettre en place. Ce qui était important pour nous c’était de collaborer avec ces deux professionnelles. Par exemple, lorsqu’on a eu les premiers jets de l’illustration, on les a envoyés à Laure pour avoir son avis, savoir si ça lui plaisait, car c’est quand même son image. On a vraiment voulu mettre l’accent sur le profil de la vigneronne, c’est pour ça que son nom est mentionné sur l’étiquette. Le nom de la cuvée « Meet Laure » la met aussi en avant. Sur la contre-étiquette le QR code au centre invite le consommateur à en savoir plus sur son travail. L’objectif de tout cela est de proposer une expérience complète.
Ambre : C’est ensuite un processus de tiré-bouché qui est mis en place (bouteille bouchée et stockée durant un laps de temps indéfini, dans l'attente d'être habillée pour sa commercialisation) où quand on reçoit les bouteilles on les habille avec les étiquettes et le concept Ekhi.
• Pourquoi un nom en anglais pour la première cuvée ?
Honorine : c’est vrai qu’à l’origine on voulait lui donner le prénom de la vigneronne. Mais d’un point de vue légal, c’était assez compliqué, car il y a de nombreux prénoms qui sont déposés. On a donc réfléchi à une autre solution, en incluant le prénom de la viticultrice. « Rencontrer Laure » ça faisait long sur l’étiquette, et puis l’écrire en anglais ça pouvait nous permettre de toucher un public plus international.
• On a pu voir qu’en plus de la vente de vin, vous proposez, pour compléter l’expérience, un podcast qui nous fait rentrer en contact avec la vigneronne. Alors, pourquoi, en plus de ce contenu, avez-vous décidé de proposer des interviews avec des actrices du vin ?
Ambre : Comme notre but est de démocratiser le vin, de faire découvrir cet univers que l’on peut penser un peu fermé, on ouvre des portes, on découvre de nouveaux aspects pour mieux comprendre ce monde. Il y a aussi cet aspect de découverte de l’innovation qui se met en place. À la base, c’était pour notre découverte personnelle, puis on a décidé de le partager pour proposer un format accessible à tous et gratuit, pour partager un moment avec les consommateurs.
Honorine : On voulait aussi mettre différentes professionnelles en avant comme les sommelières, les œnologues, des entrepreneures au féminin qui entreprennent des projets dans l’innovation. Avec un objectif : mettre les femmes en avant à travers tous les projets et l’expertise dont elles font preuve.
• Qu’en sera-t-il de la suite ?
Ambre : En février nous allons sortir une nouvelle cuvée de Côtes du Rhône « Meet Marine » élaborée par Marine Roussel, une vigneronne passionnée qui travaille en biodynamie depuis plus de dix ans. Nous allons dans le même temps lancer une campagne de financement participative afin de dénicher de nouvelles pépites pour continuer de faire briller les vigneronnes françaises et leur savoir-faire.