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Artículo #100

Le gel et la vigne : un mauvais assemblage

Por Pauline Faye M. ABRIL DEL 2021

Alors que le printemps vient de commencer, les températures ne font que fluctuer. Effet de la saison, mais aussi d’un dérèglement climatique qui fait monter le mercure à 25 °C un jour et redescendre à -6,5 °C le jour suivant. Cela n’arrange pas les vignerons, qui doivent faire preuve d’ingéniosité pour ne pas perdre toute leur production. Ces derniers jours, nous avons pu voir des paysages ornés de contrastes : des vignes gelées et des brûlots pour les dégeler. Ce gel printanier n’a épargné aucune zone viticole en France. Il rappelle le gel d’avril 1991 où tout le vignoble français en avait pris pour son grade. Le mois d’avril est d’ailleurs celui redouté par les viticulteurs.

Texto destacado

Les hautes températures que nous avons pu ressentir fin mars début avril ont provoqué le bourgeonnement des vignes, signe de la prochaine apparition du fruit viticole.


Que provoquent ces hautes et basses températures ?

Les hautes températures que nous avons pu ressentir fin mars début avril ont provoqué le bourgeonnement des vignes, signe de la prochaine apparition du fruit viticole. Malheureusement, s’en sont suivies divers jours de gel brûlant les nouveau-nés.

Quels sont les techniques ou moyens employés par les vignerons ?

Afin de sauver leur millésime 2021, les propriétaires de domaines viticoles ont utilisé de nombreuses techniques afin d’épargner les ceps. La pratique la plus répandue est l’utilisation de bougies. Cela consiste à disposer dans les allées des grosses bougies, des blocs de paraffine, dans des boîtes métalliques qui vont réchauffer l’air ambiant, évitant donc les trop fortes baisses de température. Un autre moyen est l’aspersion. Cette technique a pour but d’asperger les ceps d’eau de manière que les bourgeons soient emprisonnés dans une poche de glace avec de l’eau non gelée. C’est une technique assez délicate, car il ne faut pas que le glaçon dégèle trop vite. Il faut donc arroser en continu jusqu’à ce que les températures redeviennent positives. Il existe aussi des brûleurs à propane que l’on dispose dans le vignoble : il en faudrait environ 150 par hectare. Enfin, des techniques de brassage d’air sont aussi employées. Des hélicoptères et des éoliennes font office de brasseurs d’air. L’hélicoptère vole à basse altitude (moins de 20 mètres de haut) et réchauffe l’air au-dessus des vignes. Quant aux éoliennes, elles font 11 mètres de haut et redirigent l’air au-dessus des vignes vers les ceps pour les réchauffer.
Malgré ces nombreuses solutions, les pertes sont considérables pour cette année.

Quels sont les chiffres des pertes, l’État va-t-il aider les propriétaires viticoles ?

Les régions de Bourgogne, du Jura et du Beaujolais sont les plus touchées. Elles paient le plus lourd tribut avec 50 % de pertes estimées. Un énorme coup dur pour les viticulteurs qui affrontent un nouvel obstacle après la sécheresse de 2016, le boycott des vins français par Donald Trump depuis 2019, la COVID 19 en 2020. Il s’agit pour le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie « de la pire catastrophe de ce début du XXIe siècle ». Le Premier ministre Jean Castex, lors de son déplacement en Hérault, à l’issue d’une table ronde avec des acteurs de la filière agricole et des élus locaux, a annoncé le déblocage d’un « fond de solidarité exceptionnel » d’un milliard d’euros pour les agriculteurs violemment touchés par ce gel, mais aussi des premières mesures comme l’exonération des charges sociales, un dégrèvement des taxes foncières sur le non bâti et un recours à l’activité partielle. Il a précisé que « ce sont des mesures partielles, qu’il faudra compléter dans l’avenir ». En attendant l’arrivée de ces aides, qui ont besoin de connaître l’ampleur des dégâts, une aide forfaitaire basée sur la perte du chiffre d’affaires mensuel sera accordée. Les autres acteurs de la filière, comme les entreprises en aval de la récolte viticole, seront aussi bénéficiaires de cette aide.

Une intervention étatique qui soulage les agriculteurs, mais ces derniers se méfient tout de même, car « le diable se cache dans les détails : il faudra voir notamment si on trouve des solutions pour les arboriculteurs assurés qui seront moins bien indemnisés que ceux bénéficiant du régime des calamités ».

Des années compliquées pour la filière viticole qui enchaîne les événements désastreux. Il est possible que cet épisode de gel ne soit pas le dernier au vu du dérèglement climatique qui ne fait que prendre de l’ampleur au sein de notre monde. C’est encore la preuve qu’il est grand temps de songer à de réelles initiatives pour affronter ce changement climatique qui affecte tous les secteurs, pour ne pas avoir à supporter de pareilles pertes. Espérons que 2022 et les années qui suivront débuteront sous de meilleurs auspices pour que le monde viticole n’ait plus à faire face à de telles catastrophes.

Photo: CHRISTIAN HARTMANN | REUTERS