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Artículo #47

Le vin bordelais voit rouge

Por Pauline Faye ENERO DEL 2021

Chute des ventes, nombres de litres consommés à la baisse, une filière qui flanche… voici les nombreux titres apparus dans les journaux et autres sites spécialisés dans le monde du vin concernant les ventes de vins bordelais. Depuis de nombreuses années, elles sont en chute libre. Et malheureusement l’année 2020 n’est pas en reste. Nous ne vous apprenons rien en vous disant que la crise de la COVID 19 n’a été salutaire pour personne et la plus grande région viticole de France n’a pas été épargnée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, les ventes ont encore diminué de 10 % cette année. Cependant, la crise sanitaire que nous vivons actuellement n’est pas à l’origine de cette baisse. D’autres raisons l’expliquent.

Texto destacado

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, les ventes ont encore diminué de 10 % cette année. Cependant, la crise sanitaire que nous vivons actuellement n’est pas à l’origine de cette baisse.


Les exportations à l’international sont à la baisse ou à l’arrêt :

Les deux principaux importateurs de vins bordelais que sont la Chine et les États-Unis ne sont plus autant en demande. Les ventes au sein du marché chinois ont diminué et font face à de sérieux concurrents comme le Chili et l’Australie. Et pour cause, ces deux pays exportent leurs vins sans se voir imposer de taxes à travers un traité de libre commerce signé respectivement avec la Chine.

Concernant les États-Unis, c’est la taxe douanière imposée par le gouvernement Trump qui pose problème. Elle est intrinsèquement liée à la guerre que se font Airbus et Boeing sur le marché aérien. À hauteur de 25 %, cette taxe est un frein important pour la filière viticole bordelaise qui néanmoins essaie de détourner les normes par exemple en augmentant le taux d’alcool pour atteindre celui des vins américains et ce, afin de s’exonérer du paiement de celle-ci.

Le virage en bio a été réalisé trop tard :

C’est un fait, le vin bio est la tendance sur le marché des vins au niveau mondial. Ce virage effectué dans de nombreuses régions françaises, a vu le jour tardivement dans la région bordelaise. Alors que cette dernière est la plus grande région viticole de France, le bio ne représente que 6,7 % de la production totale. Ce retard s’explique en autres par la non-adhésion des grands crus classés à cette démarche. De plus la conversion, de façon objective, reste difficile pour ceux qui souhaitent la mettre en œuvre compte tenu au climat océanique de la région favorisant le mildiou et l’oïdium.

Les Français consomment moins de vin :

Ce n’est un secret pour personne, les Français sont des amateurs de vin. Cependant, depuis quelques années il a été constaté une baisse significative de la consommation de litres de vin par Français. C’est ce que confirme l’OIV (Organisation Internationale du Vin) constatant entre 2000 et 2017, une chute de 21,7 %.

Mais qu’est-ce qui explique cette tendance?

Nous pouvons donner différentes explications à ce phénomène.
- Les ventes de vins dits « courants » ne sont plus aussi importantes qu’auparavant car l’habitude de boire du vin à table s’est perdue. La tendance est à l’achat de grands crus classés que le consommateur dégustera lors de grandes occasions ou pour agrandir sa cave.

- Une autre raison, se situe au niveau de l’image des vins bordelais. Ils ont depuis de nombreux siècles à peu près la même image qui commence à paraître « ancienne » et pas « à la mode ». Cela se manifeste au niveau de l’étiquette des bouteilles qui bien souvent représente le château ou la propriété viticole avec les mêmes styles de typographie.

Même si Bordeaux supérieur a essayé d’innover avec son concours « Bordeaux Vin Attitude », concours qui donne la possibilité à des étudiants de recréer l’identité visuelle des bouteilles et de l’AOC de Bordeaux, les viticulteurs s’intéressent à cette initiative mais ont du mal à modifier leur pratique en termes de communication ce qui explique pour partie que les jeunes se tournent vers d’autres alcools. Les boissons comme la bière ou le cidre attirent plus la tranche d’âge se situant en dessous des 35 ans, avec leurs étiquettes colorées, leurs différents parfums ou ajout de sirops sucrés. Ces dernières s’adressent plus aux jeunes qui ne se sentent pas obligés d’être des connaisseurs pour les boire.

Chute des exportations, image désuète, retard sur le virage en bio, et des modes de consommations de boissons alcoolisées qui évoluent, voici les principaux défis de la filière viticole bordelaise. Néanmoins, cette AOC reste et restera un emblème pour les vins français, reconnus partout dans le monde. Il lui faudra s’adapter au changement de mentalités et rénover son image ancienne, afin que la jeunesse et le monde reprennent goût aux vins bordelais.



(Photo by Guillaume Flandre)